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« La section "TRANS" 1 », une petite histoire imaginée par danielle

1 La section "TRANS" 1 Danielle tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:46 par Danielle


Cela faisait deux ans que je vivais recluse dans un petit appartement du centre ville d'une grande cité, perdue anonymement parmi quelques millions d'âmes. Mon ancien métier? Espion, génie en informatique et communications spatiales. Je vivais ainsi, sous une fausse identité, après avoir permis… à mon gouvernement d'éviter stratégiquement, et de justesse ce qui aurait pu être la troisième guerre mondiale. Si des agents du pays adverse me retrouvaient, s'en était fini de moi... ou pire, la torture. Ne sachant jusqu'où un être humain peut résister à la torture imaginée par certains pays, cette perspective ne m'enchantait guère. Je vous raconte mon histoire au féminin puisque André, mon ancien masculin, est définitivement disparu pour faire place à Monique, ma nouvelle personnalité. Je suis devenue femme... par obligation, et dois-je l'avouer, à ma grande satisfaction.

Dans un premier temps, après la réussite de ma stratégique mission, mon gouvernement avait envisagé la possibilité de m'éliminer... plus de trace de l'agent "A26", comme l'indiquait mon nom de code. Puis, convoqué au bureau du Premier ministre, la tête dirigeante de la défense national avait envisagé de m'offrir la protection ultime, au cas où on aurait eu encore besoin de mes services. Un beau lundi matin, le lendemain de mon retour au pays, je fus donc convoqué dans une cache ultra sécrète, connue que de quelques initiés seulement, pour y rencontrer "le Conseil". Le Conseil, c'est le regroupement d'une dizaine de génies militaires qui veillent à l'organisation de missions très spéciales. Les membres sont impitoyables... aucun échec n'est permis... sinon, c'est l'élimination systématique pure et simple.

Déjà surprise de ne pas être encore disparue de la planète, malgré le succès de ma mission, c'est donc à contre coeur que j'ai dû me rendre à la "cachette", enfermée dans un véhicule spécial et escorté de six malabars de gros gabarit. En mon fort intérieur, je ne pesais pas lourd dans la balance gouvernementale. En fait, j'étais persuadée que je roulais vers mon dernier voyage... J'avais entendu quelques histoires peut rassurantes sur des agents qui... mais non, pourquoi moi?

Donc, après être descendu du véhicule, style fourgonnette sans fenêtres, et avoir traversé d'interminables couloirs, je me retrouve devant une porte qui s'ouvre grâce à un dispositif de sécurité tout à fait inconnu de moi, malgré ma lourde expérience de l'espionnage et des systèmes de sécurité.

- A26, veuillez vous asseoir, me lance alors agressivement le Major 1 (noms de code obligent aussi dans ce milieu).

C'est donc avec un peu de nervosité (et bien malgré moi) que je prend siège en face d'une longue table où se retrouve la haute gomme militaire de mon pays. Bien sûr, les visages me sont parfaitement inconnus. "Raison de plus pour m'éliminer" pensais-je encore plus sérieusement. Personne n'est jamais ressorti vivant d'une rencontre avec le Conseil.

- Vous devrez répondre à nos questions et vous soumettre à nos décisions, me lance le Sergent 3. Vous avez évité la troisième guerre mondiale à notre planète, nous vous en sommes reconnaissant. Mais, maintenant, nous devrons prendre certaines précautions, ajouta-t-il en me regardant avec des yeux où se lisaient une certaine agressivité.

- Mon compte est bon, pensais-je. "André, tu t'en vas assurément manger les pissenlits par la racine" me dis-je.
- Nous savons tout de vous... vous entendez, TOUT! me lança le Major 1. Nous savons, pour vous avoir mis sous surveillance depuis quatre ans, que vous aimez de temps à autre sortir en société sous les traits de Monique Laforge. Avant même votre mutation au service du SPI, nous connaissions votre double personnalité, ajouta-t-il. Ce qui vous a évité un blâme de l'état major, c'est que nous avions, je dis bien AVIONS, besoin de votre cerveau, termina-t-il sèchement.

- Aie! aie! aie!, cette fois, je passe à la casserole, pensais-je avec quasi certitude. Je ne pouvais, nerveusement mais sans panique, que penser à ma disparition prochaine. Bien sûr, comme tout agent de notre service secret, je ne laissais personne derrière moi, même pas mon chat que j'avais perdu il y a quelques semaines. Personne ne saurais ce que serait devenu André Fortier, alias Agent 26. Un faux rapport médical, d'un médecin militaire bien entendu, mentionnerait que André Fortier était décédé d'un arrêt du coeur au cours d'une séance d'entraînement. Excuse classique! Je l'avais entendu des dizaines de fois lors de la disparition de d'autres agents.

Tout en étant à mes pensées, je jetais un coup d'oeil furtif autour de moi. Outre la table du "Conseil" je remarquais une autre table où siégeaient trois personnes en uniforme de notre force armée mais dont le visage était couvert d'une cagoule. "Trois femmes" pensais-je en remarquant leur gestuelle. Jamais je n'avais entendu parler, entre les branches bien entendu, de personnes invitées à une séance du Conseil. Bien sûr, je tentais de trouver une porte de sortie, en cas de fuite... Quelle idée! Je ne savais même pas où j'étais, sinon que c'était à l'intérieur d'une forteresse inviolable.

- Nous vous offrons une alternative à votre disparition, me lança une voix féminine. Vous n'êtes pas sans savoir que nous devrions normalement vous éliminer, continua-t-elle. Cependant, vous êtes le seul agent à connaître le fonctionnement et la composition du transcodeur qui permet à nos ennemis de diriger leurs fameux satellites espions sur nous. Nous savons que la connaissance actuelle de nos techniciens ne permettrait pas de tout débrouiller le système avant plusieurs années. Alors, nous vous offrons la "Protection" absolue". termina-t-elle.

Voilà le chat sorti du sac! pensais-je. Je savais maintenant pourquoi je n'étais pas encore dans une boite de bois placée discrètement au cimetière militaire. J'avais encore une chance de m'en sortir.

- Nous savions votre double personnalité, Agent 26" me lança sèchement le Major 6. Nous aurons peut-être encore besoin de vous, du moins jusqu'à ce que nos techniciens connaissent à fond les mystères du transcodeur ennemi, je ne vous le cache pas, aboya-t-il entre ses dents.

Vint ensuite toute une longue série de questions sur ma vie privé et, dois-je le mentionner, ma vie sexuelle ou sentimentale. Les questions venaient de partout et j'avais mal à y répondre tant elles venaient rapidement. L'interrogatoire devait durer pendant des heures. Des questions si intimes que même ma défunte mère, ma confidente, n'aurait jamais osée me les poser. Quatre malabars se tenaient tout près de moi, et je devine que le seul geste de tenter de me lever du siège m'aurait valu un plaquage immédiat contre celui-ci. A quelques occasions, une des "cagoules" s'approchait de moi, prenait des notes tout en me dévisageant et en me tâtant le visage ou les membres... même celui que vous pensez, au travers de mon pantalon.

- Ça pourra aller, lança-t-elle enfin au Conseil. Le sujet est bon, termina-t-elle en retournant à son siège.

Durant de longues minutes, les membres du Conseil se consultèrent à voix basse. Je sentais mon coeur battre à vouloir en sortir de ma poitrine. "Voilà le verdict" pensais-je. Durant quelques minutes à peine, mais qui me semblèrent une éternité, je voyais ma vie repasser devant mes yeux. Mes sorties en fille dans certains bars, mes séances de lèche-vitrine ou mes incursions dans les plus grands magasins de tous les pays à me choisir une petite robe... et, bien entendu, mes missions militaires sous le feu des mitrailleuses ou des explosions que j'avais déclenché.

- Agent 26, vous serez désormais, et à partir de maintenant, transféré à la section "TRANS" de notre force armée, me lança le Major 1 en se levant et se plantant fixement devant moi, à quelques centimètres à peine. Vous partirez, d'ici 20 minutes, pour notre base secrète de Phing-Di-Yan, en Thaïlande, ajouta-t-il.
- Mais, Major, il ne me reste que deux ans avant la retraite et, de plus, à ce que j'ai pu savoir, le service "TRANS" n'est composé que de femmes" lançais-je nerveusement.
- Pardon, de "nouvelles" femmes devriez-vous dire, me jeta le Major 1 en demeurant suffisamment mystérieux.
D'un geste parfaitement synchronisé, les trois "invitées" féminines enlevèrent leurs cagoules.
- Suite à vos réponses à nos questions, nous vous accordons le droit au changement de sexe, n'est-ce pas ce que vous désiriez depuis votre enfance? me lança l'une d'elle avec une voix où perçait une point d'ironie.

Ces mots tombèrent comme le couperet d'une guillotine... J'allais devenir par la force des choses celle que je voulais devenir depuis tant d'année. Le "Conseil" avait scruté mes pensées les plus intimes et secrètes. Oui, je suis une transsexuelle depuis ma naissance. Une erreur de la nature, une femme dans un corps d'homme. Mais mon métier, que j'adorais, ne me permettait pas de l'exprimer.

Un sergent (d'après ses gallons) et son assistant apportèrent alors une mystérieuse petite boîte métallique qu'ils ouvrirent grâce à un système de verrouillage très perfectionné. "Passez ceci", me lança le sergent d'une voix amicale. Je regarde avec stupéfaction la magnifique montre Rolex que celui-ci me tend. J'en avais vu une semblable dans une boutique de la 34 ième avenue à New-York.
- Une montre de 70,000 $? m'étonnai-je.
Je passai donc avec plaisir la montre à mon bras tout en la regardant avec admiration. Cependant, je savais que quelque chose n'allait pas... Je sentais le piège à plein nez.
- Agent 26, vous ne pourrez pas enlever cette montre de votre bras, commença le Major 1. Il s'agit d'un dispositif de repérage et, avouons-le, notre garantie que vous êtes toujours de notre côté, continua-t-il. Cette montre comporte un transmetteur directement relié à la série de satellites "AtlantiX" et nous permettra de tout savoir sur vous, 24 heures sur 24, que vous soyez n'importe où sur cette planète ou sur une autre galaxie. De plus, en cas de nécessité, un petite aiguille vous injectera une dose mortelle et instantané d'un nouveau poison très violent dont il n'existe pas d'antidote. Cette injection se fera automatiquement si jamais vous tentez de vous départir de cette montre" termina-t-il.

Le piège classique quoi! J'avais tant vu de films de James Bond... pas nouveau comme invention en tous les cas.

Immédiatement, le Major 4 m'apporta une valise contenant des effets personnels ainsi qu'un passeport et des papiers d'identité, faux, bien entendu.
- Bon voyage, et nous vous remercions Agent 26, furent les dernières paroles que j'entendis. Le Conseil se retira par une ouverture maintenant visible derrière le sceau national qui ornait le mur du fond. Les trois femmes disparurent aussi par une porte jusque là imperceptible.

Les malabars m'escortèrent jusqu'à la dite fourgonnette pour m'amener vers l'aéroport militaire de Bridgetontown. On m'assura que tout le nécessaire sera fait pour récupérer mes affaires personnelles et on organiserait des funérailles bidons pour expliquer ma disparition. Le fameux certificat militaire officiel de décès par arrêt du coeur. Mais, cette fois, le cadavre allait revivre (et quelle vie mes amies). "Exit" André Fortier... Vive Monique Laforge...

À suivre: Phing-Di-Yan, la terrible


Responsable du site : Lucie Sobek


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